ICI ON EST COLÈRE



Nous on est colère, c’est sûrement pour ça qu’on aime aussi faire la fête, histoire d’évacuer tout ça. Souvent on s’énerve contre les injustices de notre monde et ça nous donne envie de pousser nos coups de gueule. Alors c’est ici que tu peux retrouver nos états d’âmes


Rien ni personne n’est safe


17 juillet 2023


Ça fait un moment qu’on voit le mot Safe utilisé à outrance un peu partout et notamment dans le milieu de l'événementiel. Que ce soit par des artistes ou des lieux. (Pas toujours les plus recommandables) et souvent dans le but d’appâter un public queer/séxisé/racisé, sans mettre les efforts nécessaires à l’accueil de ce public. Utiliser des termes de la commu pour faire de la moula sans sécuriser ce public discriminé, ça s’appelle comment déjà ? Ah oui. L’instrumentalisation des luttes.

Et on t’avoue qu’on en a un peu marre. Mettons-nous d’accord. Rien, ni personne n’est safe et inclusif à 100%. Donc stop avec ces mots valises.

Nous avons toustes été élevé.es dans une société raciste, misogyne, classiste, transphobe, homophobe, validiste (et pleins d’autres mots en “iste” et “phobe”). C’est un fait. Et nous ne pouvons pas faire semblant que celle-ci n’a aucun effet sur notre comportement. Nous avons toustes des pensées misogynes, classistes… (même quand on est concerné par ces discriminations, et oui). Parce qu'on nous a matraqué le cerveau avec des pensées moisies sur le monde qui nous entoure. Sur la manière de communiquer, d’interagir et de voir les autres.

Là où on veut en venir, c’est qu’il faudrait commencer à se dire : en effet je ne suis pas safe. Mais j’ai la volonté ferme de remettre en question mon éducation, mon rapport aux autres, mes privilèges. Me donner les moyens de m’améliorer, écouter activement les personnes concernées par ces discriminations, aller chercher les infos de manière autonome. Tout en acceptant que je vais surement faire des erreurs par maladresse ou par manque de connaissances...

Parce que faire des erreurs (à ne pas confondre avec commettre un délit ou un crime), si tu te remets suffisamment en question et que tu écoutes les personnes qui se sont senties blessé.e.s autour de toi, c’est la base de l’apprentissage. Et si tu n'es pas capable de ça. Déso mais tu ne devrais pas interagir avec le reste du monde et tu es sûrement un humain un peu (beaucoup) nul.

Parce que se dire : je ne suis pas safe. C’est s’avouer qu’on a encore du taff à faire. Et c’est déjà un bon début.




On ne dit pas “DJette”


17 juillet 2023


"AH t'es Dette ?" Toute femme et/ou personne pouvant être identifiée par la société comme femme sachant mixer a déjà entendu cette phrase. Et rien dans cette question ne va... L'étonnement premièrement, puis surtout la prétendue féminisation d'un mot qui n'a pas besoin de l'être.

EST CE QU'ON PEUT TOUSTES S'ACCORDER LÀ DESSUS ? ON NE DIT PAS DIETTE !


Vraiment ça commence à nous pomper l'air, de l'entendre comme de le lire. On ne dit pas DJette, parce que c'est encore une fois une utilisation de langue française rabaissante pour les femmes. Le suffixe "-ette" est utilisé pour désigner quelque chose de plus petit que sa version normale.

Un camion, une camionnette, une maison, une maisonnette, un amour, une amourette... Vous avez compris le topo. Alors quand vous dites à une personne qu'elle est Djette, vous lui dites qu'elle est une petite DJ, la version -1 du DJ.

D'autant plus que DJ est un acronyme, il n'a donc nul besoin d'être féminisé. C'est un mot anglais «Disc-Jockey», c'est neutre, et ça nous va très bien comme ça.

Imaginez vous dire "ah t'es pompiette" à une femme pompier? NAN bon alors ?



Tu n’as rien compris à ce que l’on fait


20 juin 2023


Si en tant que personne qui n’est pas minorisée, tu décides d’occuper tout l’espace. Que ça soit sur la scène ou dans le public (avec ta pxtain d’ombrelle). C’est que tu n’as rien compris.

Si en tant qu’homme cisgenre hétéro, tu décides de prendre l’une de nos soirées pour ton terrain de chasse. C’est que tu n’as rien compris.

Si tu penses que c’est pas du féminisme que l’on a besoin, mais c’est de l'humanisme. C’est que t’as rien capté.

Si tu décides d’écrire “tu suces ?” ou de dessiner des teubs dans notre livre d’or, c’est que tu n’as rien compris.

Si tu penses que bousculer, n’en avoir rien a foutre de l’espace des autres c’est ok parce que t'es défoncé.e. C’est que tu n’as rien compris.

Si tu décides de mettre une grosse main a un.e performeur.euse alors qu’iel performe en pensant que parce que tu es identifié.e comme une meuf, c’est moins grave.

C’est que tu n’as vraiment, mais alors vraiment rien compris.


Ça fait maintenant plusieurs fois que l’on vient avec nos gros sabots au Cabaret Sauvage pour organiser des soirées. Et ça fait plusieurs fois que l’on récolte des témoignages hallucinants, sur le comportement de certaines personnes.

Nous sommes un collectif militant féministe intersectionnel. Ce que cela implique, c’est qu’on essaye de répondre avec nos outils aux manques d’espaces adaptés et sécurisés pour toutes les personnes minorisées comme la majeure partie d’entre nous.
Faire des programmations avec une grande représentation de femmes et minorités de genre, cela fait partie de notre démarche. Car nous décidons de renverser ces espaces de pouvoir auxquels, il y a quelques années, nous n’avions même pas accès. Parce que OUI les espaces de fête sont aussi des espaces de lutte.
Ça passe par beaucoup d'énergie, de recherche, de temps, de discussion, de charge pour réfléchir constamment à “comment mieux faire les prochaines fois ?”

Parce que venir à nos soirées ne fera pas de toi un.e super féministe ou allié.e de la cause mais réfléchir profondément à la place que tu prends, les privilèges avec lesquels tu es né.e, la manière dont tu conçois plus de la moitié des personnes sur cette terre…

C’est ça qui fera de toi quelqu’un à la limite fréquentable.

Et pour toutes les personnes qui s’en battent les gonades. Nos soirées ne sont pas vos espaces de jeux moisis. Il en existe plein d’autres, des events, ou plutôt des boyz club qui s’en foutent de ce genre de comportements. (Genre le Hellfest lol, petite balle perdue gratuite ça fait zizir)

Dans les soirées que l’on organise, on passe des moments de ouf, on s’amuse artistiquement en créant des performances qui nous font marrer ou qui nous touchent. On s’exprime créativement et quand on voit les réactions de certain.es qui nous rendent beaucoup d’amour, c’est l’une des meilleures choses del mundo. Mais de savoir que ce public hyper kawaii peut être bousculé, agressé, gêné par d'autres ça nous bute. Parce que ces gens mega safe et trop kawaii on veut pas les mettre en danger on veut juste les protéger comme si on était leurs grandes soeurs (malsaines, tu l'as ?)

Et si tu ne captes pas cette démarche alors c’est que tu n’as vraiment rien compris.

PS :
Si tu souhaites nous faire des retours, qu’ils soient positifs ou négatifs, ou si tu souhaites témoigner de violence que tu aurais subi ou dont tu as été témoin, n’hésite surtout pas à nous envoyer un petit message à contact@soeurs-malsaines.com  🖤